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                       Morphogenèse de la peinture    english translation by google   spanish translation by google 


   Encres

Au départ il y a une plongée dans l’univers des formes microscopique, dans les replis de la vie embryonnaire. Les dessins à l’encre de FB connaissent des lois de formalisation, de prolifération, et d’expansion, similaires à celles de n’importe quel microorganisme en développement. La production artistique de FB est une biologie en acte, une morphogenèse conduite par les élans convulsifs de l’improvisation: les formes ne sont pas réellement «choisies» ou programmées mais elles se construisent, se déduisent d’un mouvement généré à l’origine par une impérieuse nécessité d’apparaître. Pris dans le cycle d’une fertilité interrompue, les dessins se fécondent les uns les autres, les uns par les autres, les uns dans la continuité des autres selon les règles inattendues de la démultiplication, selon les hasards d’une hybridation capricieuse :reproduction asexuée pour formes sensuellement fécondes.

 

  M-E-R : Macrographie des Eléments de Reproduction.

Elaborées à partir des encres sur papier, les macrographies en sont à une plus grande échelle, la réplication. Il s’agit de versions transposées, transposables, qui, dans un mouvement de transmigration s’affranchiront de la feuille de papier pour venir se greffer sur le mur. Elles sont des accrétions spontanées qui se fixent sur un nouvel espace, des formes extraposées dont la présence s’intensifie par le jeu des couleurs et la texture des surfaces dans lesquelles elles se trament. Transcrire, répliquer, dupliquer : les macrographies procèdent d’une génétique proprement picturale. Selon un processus de régénération, les figures éromorphes de FB, conçues à partir d’une matrice originaire s’en libèrent progressivement, pour atteindre à travers un déploiement magistral une spectaculaire autonomie.

 

   Peintures Océaniques

Les eaux de l’océan regorgent sous leur surface monochrome de richesses éteintes qui finiront leur course sur les berges sableuses. FB travaille à partir de scories océaniques, de micromondes marins, de ce que les courants colportent et étalent sur le rivage. Elle puise dans les ressources naturelles, dans les abîmes de la mer, dans l’immense répertoire de ce corps mouvant dont elle accueille les dons. La première opération consiste à ramasser, à glaner ces vestiges ensevelis, déposés par les vagues. Algues, coquillages, os de sèche, sont les matériaux qui serviront de matière première à FB. Elle en trouvera l’usage en les décomposant, en les rendant compatibles sous la forme de poudres ou de mixtions, avec les composants plus traditionnels de la peinture. Nouvelle transmigration, nouvelle transfiguration de l’organique, mais que le peintre opère cette fois-ci à partir de matières asséchées, délaissées; résidus solitaires que FB arrache à leur destin funeste en les disséminant dans l’horizon infini du tableau.

 

Romaric Favre

Assistant de conservation au CAPC Musée d'Art Contemporain