St Pierre-La Devise Août- Septembre 2004

 

Cher Christian
ou
la métaphysique du Split

version 2 -3

 

Cher christian chrétien. Sûrement que notre ballade dans les églises de la ville n’était pas anodine. J’ai eu la révélation (rejouée ?) à Sainte Marie même, après avoir parlé de Cortez et des Aztèques sacrificateurs que finalement, seul m’intéresse le mystère, dans l’attente, peut-être, d’une révélation. Mais en tout cas, le visible m’intéresse peu, seule la découverte (cortezienne ?) vaut le coup mais à quel prix ? Que choisirais-tu ? Je te vois déjà prendre le parti des méritons (;-).Heureusement, ce cauchemar, nous n’avons pas à le faire, aujourd'hui. C’est comme choisir entre Gilles et Christian...Tu diras : je prends tout.. le gilles et le croyant. Au mieux, le croyant est Don Quichottesque, au pire, il part en Aztèquie.

Pour récapituler: 1, le mystère, 2, la révélation, 3, on recommence, ou quoi d’autre ? J’ai toujours inventé dans mes peintures des choses qui n’existaient pas. Pêché d’imagination. Je n’ai pas encore été obligé au réalisme sociale, si non j’aurai mal tourné. Je ne suis donc pas dans l’actualité, mais ai-je vraiment le don de voir à travers les corps ? Peut-être ce motif effrayant, pour moi et les autres, donne un sens tragique à l’ensemble et comme dans la Caverne de platon que je n’ai jamais lu (les philosophes sont bien des prétentieux), je regarde passer les Ombres. Comme au cimetière, ou plutôt à l’inverse, car en peinture, il faut bien donner corps à quelque chose. Dans les cimetières, les corps sont allongés pour l’éternité et les maisons vides. J’ai toujours pensé que cela pouvait être rassurant. Que personne ne bouge....Les peintres ont les mains en l’air...Ils les occupent, un moment, à dessiner les femmes nues, histoire de les avoir sous la main. Donc je me qualifie de comme ceux qu’on dit Primitifs (au milieu du 20 ème) et Premiers, ensuite ( à la fin ) et aussi comme les Primitifs Flamands, mais qui le sont aussi, car qualifiés comme tels, premiers du genre.

Le dilemme se pose quand on est une femme-peintre. Que peint-on ? Apparemment pas d’hommes nus ( sauf gilberte et sa georgette). Pour ma part, je peins des apparitions, des mystères, des je-ne-sais-quoi-qui-peuvent-se reproduire, en apparition, aussi, par division, comme les cellules ancestrales de la Terre mère. Secouons l’animisme et la catholique apostolique, qu’est-ce que ça donne? Les femmes-peintres comme les femmes-prêtres n’ont jamais pu existé. Lévi Strauss de dire: «De même chez les anciens Caduveo, le missionnaire jésuite Sanchez Labrador a décrit la gravité passionnée avec laquelle les indigènes consacraient des journées entières à se faire peindre; celui qui n’a pas peint disaient-ils, est stupide. Et comme les Caduveo, les Maoris pratiquent le dédoublement de la représentation.»

 


2ème partie.

Il n’est pas question ici de distinction de sexe même si on peut se douter d’une partition sexuelle du groupe: le clan des femmes et celui des hommes. Mais tous peignaient. Je reste persuadée que la spécialisation ou la spécialité est un mal inventé à des fins de domination et d’aliénation. Je notais hier, dans le carnet, le lien entre la mort papouanne et aztèque qui fait que le corps n’est pas enterré mais pourri en élévation. Les Papous utilisent des claies sur lesquelles ils étendent leurs défunts. Tu imagines la même chose au rendement supérieur dans les villes aztèques. Mais la comparaison s’arrête là. Les Papous dorment sur le crâne de leurs chers et tendres. N’est-ce pas enfantin ? Un doudou en os. Mais je m’égare. Je pensais hier à la Grande Fleur de pierre que tu dis dédié à la Vierge Marie. Je pensais que je pouvais y voir un reste de nos anciennes positions animistes, le rond symbolisant évidemment l’aréole du sein. C’est tout ce qui reste des rondeurs de l’art roman. Les femmes artistes ont commencées à poindre leurs nez avec, au début du 20 ème, le retour d’un certain primitivisme, que l’on retrouve dans l’art qualifié de nègre et dans le symbolisme d’un Gaugin. Van Gogh me semble aussi très proche de la mosaïque des premiers chrétiens. Il s’agit d’un prémisse au désenclavement mais aussi j’espère du retour à un équilibre. J’écris, toujours comme tu t’en rends compte, dans une vision globale et gommée, idéale, des choses. Car la vieille Bourgeois et la vieille Nemours sont vraiment vieilles, comme des parques, qui tissent le temps. J’ai du mal à apercevoir la troisième. Bien sûr ta remarque sur l’aplat roman était judicieuse. L’utilisation du bandeau (en Espagne) en aplat me fait pensé à l’économie de Mark Rothko.

Levi-Strauss parle de représentations peu naturelles pour qualifier la représentation faciale par dédoublement. On peut se demander si la représentation naturelle existe hors d’elle même, c'est à dire dans la nature même. Pour moi tout le reste n’est affaire que d’imaginaire. Je ne suis pas dans la traduction (vision) littérale, mais sensible. Je pense ici à l’allocution de Bonnefoy sur la Traduction de la poésie où il faisait ressortir, si j’ai bien compris, sa préférence pour le rythme, le son, une forme de traduction sonore loin de l’imaginaire et de la littéralité et plus prés de l’élégance de la formule, notion esthétique assez floue, que j’ai trouvé chez l’astrophysicien Hawkings.
Levi-Strauss de continuer « il fallait ou bien dessiner exactement une figure et déformer le décor selon les lois du trompe-l’oeil ou bien respecter l’individualité du décor et pour cela représenter la figure dédoublée.» Selon C.L.S la pensée indigène ne se propose pas de dessiner un visage mais le dessin tatoué d’un visage, en représentant sur une feuille de papier, deux profils accolés.

 

3ème partie.

A continuer de lire Levi-S, je me dis que ces comparaisons s’arrêtent à une idée de l’autre dans notre hors champs mais qu’en est-il de nous et l'autre ?
Lu, aujourd'hui, dans Sud-Ouest que dans la grande Sauteuse génomique : « il suffit de préciser que 30 % de notre bagage génétique sont identiques à celui des levures. » Est-ce une manière de se rassurer ? Ou une nouvelle page de nous sommes tous frères ?
La science va vers l’identique et souhaite gommer les différences. Mais, L’humain a prouvé qu’il aimait la partition et le sectarisme. L’article est bien douteux sur : «...toute l'histoire de la vie n'est qu'accidents et hasard. Il n'y a pas de modification génétique provoquée pour adapter un être à un environnement. C'est l'environnement qui provoque la sélection et permet l'évolution. Pas l'inverse.»

Mais qu’est ce qu’un environnement ? Cortés entrant en Astéquie ? Le trou dans la couche d’ozone, par excès de production et d’enrichissement ?
Sommes-nous dans une mode environnementaliste ? Mais si “tout n'est qu'accidents et hasard” nous sommes donc irresponsables ? (à noter accidents avec s et hasard sans s, et la négation n’ qu’). FINALEMENT NOUS SOMMES DES LEVURES CROYANTES. Ainsi disait Willie Burroughs. Je devrais lire le journal à l’envers.
Levi-S dit « Le décor est la projection graphique ou plastique d’une réalité d’un autre ordre, comme le dédoublement de la représentation résulte de la projection d’un masque tridimensionnel sur une surface à deux dimensions, comme, enfin, l’individu biologique est lui aussi projeté sur la scène sociale par son costume. La place est donc libre pour la naissance d’un art décoratif véritable, bien qu’à vrai dire on puisse s’attendre à sa contamination par le symbolisme qui imprègne tout vie sociale. » Je suis en train de penser que Deriddus a dû écrire contre, ces comme et ces bien qu’à vrai dire ? Décor, Masque, Costume, Individu biologique, (qu’est-ce qu’un individu-non-biologique ?). projectif projectile projet

Si l’Afrique survit au sida, aux religions monothéistes, aux grands capitalistes, surement que génomiquement parlant, ils seront les enfants de la terre, non ? Ils auront été assez sélectionnés pour !!...Les généticiens sont surement nos nouveaux nazis. Et finalement, je comprends bien qu’il suffit que l’homme s’adapte à tout prix ou disparaisse . Bon débarras, disent-ils, des inadaptés. Je pensais en lisant l’article et en sirotant le café : Qu’est qu’en aurait dit Oscar le Wild de cet article génomiquement correcte sur la sélection naturelle....Qu’il avait dû en faire parti ..du wagon de la désélection. Voilà un sélectionné désélectionné....Montant et Descendant. Boum. Ça, ça en est de la bonne sélection. Sûr, qu’il s’est pas trop adapté à la cloche, le dandy savant et flambeur. C’est sympa, ce sont les Français qui l’ont récupéré. Histoire de dire on était là avant le Grand Passage Génomique.
Surement, je m’égare suivant la glissade tourbillonnante que j’affectionne. Oscar aimait le costume et j’y crois aussi. Je pense que les artistes devraient se rhabiller. Et je crois aussi à cette infection symbolique. Deux choses en apparence, souvent liées.
L’artiste à nu, d’aujourd’hui, que projette-t-il sur la scène sociale sans son costume?

 

4ème partie.

Mon nez bouché m’empêche de me relire. Mais comme à chaque nouvelle vague d’impression, j’ai ramené sur le rivage du retour, dans un brouillard d’interrogations, la politique sexuelle des artistees médiatiques (ou la politique médiatique des artistees sexuelles). Chacun et sa chacune de se montrer le sexe à l’air. Raisonnablement, je pensais que l’art a toujours était le lieu des corps nus ou drapés mais alors pourquoi se raser ces poils. “ Merde, quoi ! elles sont pas des bêtes, elles sont des artistes...” avec trois poils, comme des madrépores épilés. Peut-être est-ce le symptôme d’un art prépubert, une enfance de l’art, “ Je te le montre, tu me la montres ”...etc, etc ?
5ème note.

Seule, l’_____ se réserve l’esthétique du Détail, de l’oeuvre d’art (ou telle, dit), au Georges V, elle ne tient pas à partager.

 


Soà
Fa Bloisset la poissoneuh
comme elle et comme lui

cette lettre, qui sue le soliloque me semble pardonnable, t’est franchement dédiée.