La Méduse


ciel d’en haut, ciel d’en bas
il est noir de la noirceur de l’âme,
d’une noirceur sans couleur
ange, tête sans orbite
glaire, gélatine, glaviot, matrice dorée
du soleil qui la couche

viscére tombé dans l’eau, déguelis de
l’autre-nous-mème-sans-face,
tu nous changes en pierre comme
dans un rêve, cet autre-nous-même,
ton reflet gélatineux
perfection de sable et d’eaux,
tous tes boyaux morts
ange diabolique et viscéral, vérité de
nous-même échouée, battue, lavée,
disloquée par la mise en terre
tu remontes, grande digestion de
notre intérieur
comment te regarder puisque tu ne
nous vois pas ?
c’est la vérité de voir ceux qui ne nous
voient pas
dégout poussé du pied,
je te plante un pieux dans le ventre
puisque tu es celle dont j’ai peur,
celle qui ne parle pas, celle qui
ne regarde pas,
cette peur qui ne sait pas ce quelle voit
comme dans un rêve

tu te démembres, enfantée de la mer,
de la terre tu ne résistes pas au voyage
tu échoues ton visage agufié, coquille
sans peau, bras sans bras, jambes
sans jambes, disloquée sans effusion,
le sang de la douleur ne coule pas de
ton beau visage sans orbite.


F. B @ Chroniques du Temps Vide